Focus sur les successions et assurance-vie
L’assurance-vie par capitalisation est un contrat qui a une double fonction : constituer une épargne, transmettre cette épargne.
Vous pouvez désigner un ou plusieurs bénéficiaires : un ou plusieurs enfants, une association caritative, votre maîtresse.
La transmission des fonds à la suite d’un décès, n’entre pas dans l’actif successoral. L’assurance-vie est hors succession.
Toutefois, d’un point de vue fiscal, lorsque les primes ont été versées après les 70 ans révolus du défunt, la perception de l’assurance-vie fait l’objet d’une imposition. Souvent l’existence d’un contrat d’assurance-vie est connue des héritiers.
Il arrive qu’il soit ignoré et il conviendra d’interroger l’AGIRA.
Lorsqu’il existe un contrat d’assurance-vie mais que l’on n’est pas le bénéficiaire du contrat, il est assez difficile de connaître le bénéficiaire, le montant du capital versé, l’historique des clauses bénéficiaires et des primes. En effet ces informations sont confidentielles et seul un juge peut imposer à un assureur de communiquer ces informations. Il peut donc être utile d’avoir à saisir le juge des référés pour obtenir cette communication.
L’historique du contrat peut se révéler important, notamment si des modifications sont intervenues alors que le souscripteur était atteint de causes de dégradations de ses facultés intellectuelles.
La remise en cause du caractère hors successorale pourra intervenir s’il est démontré que les primes versées par le souscripteur étaient manifestement exagérées au moment de leur souscription.
Cette disproportion est appréciée par les juges au cas par cas en fonction des revenus et du patrimoine du souscripteur.
Il peut être notamment relevé que le fait de placer après perception d’un héritage des sommes sur un contrat d’assurance-vie n’est pas manifestement disproportionné.
Tout dépendra également de déterminer si au moment du placement de chacune des primes, les placements avaient ou non une utilité pour le souscripteur ou s’il s’agissait d’organiser sa succession. Ainsi vendre une maison et placer le prix de vente sur un contrat pour régler les frais futurs d’une maison de retraite ne sera pas considéré comme une prime manifestement exagérée. Il en sera autrement s’agissant d’une personne qui effectue le placement alors qu’elle se sait atteinte d’une maladie incurable.
Si les juges estiment que les primes sont manifestement disproportionnées, les sommes devront être rapportées à l’actif de la succession pour le calcul des droits de chaque héritier. Si ces sommes excèdent la quotité disponible le bénéficiaire sera redevable d’une indemnité de réduction.
L’héritier qui perçoit des primes manifestement exagérées et qui ne fait pas révélation de leur perception au moment du partage successoral s’expose à la sanction de recel. Non seulement il doit rapporter les sommes perçues à la succession mais il n’a pas droit au partage sur ces sommes.
Aussi, utiliser l’assurance-vie pour favoriser l’un de ses enfants peut se révéler être un cadeau empoisonné.






